Comment j’ai ouvert les yeux sur le développement personnel

Crédit illustration : Maureen Bléau

Introduction

Comme beaucoup, j’ai cherché à améliorer ma vie grâce aux livres de développement personnel. Pour débuter, j’ai exploré « le starter pack » suivant :

  • Les 5 blessures qui empêchent d’être soi-même de Lise Bourbeau (promesse : comprendre et guérir les blessures émotionnelles qui nous empêchent de vivre pleinement)
  • Ton corps dit : aime-toi de Lise Bourbeau (promesse : apprendre à décoder les messages de notre corps et mieux comprendre nos émotions et besoins)
  • Agir et penser comme un chat de Stéphane Garnier (promesse : adopter les comportements des chats pour vivre plus sereinement et efficacement)
  • Les accords toltèques de Don Miguel Ruiz (promesse : suivre quatre principes simples pour atteindre la liberté personnelle et le bonheur)
  • La fabrique à kifs d’Audrey Akoun, Florence Servan-Schreiber et Isabelle Pailleau (promesse : cultiver la gratitude et la positivité pour créer une vie plus heureuse et épanouissante)

Ces titres promettaient des solutions simples à mes problèmes complexes. Tu as peut-être déjà entendu parler de ces ouvrages, tu les as même chez toi, comme moi ? Ce serait logique pour quelqu’un qui s’intéresse au développement personnel, car ce sont des bestsellers.

Ils ont le mérite d’exister et d’apporter des conseils pratiques sur la vie, il y a cependant certaines choses à leur reprocher…

  • Les 5 blessures qui empêchent d’être soi-même de Lise Bourbeau : bien que très populaire, certaines critiques soulignent que la théorie des blessures de l’âme repose sur des concepts non vérifiés scientifiquement. Ces idées peuvent parfois amener à des conclusions simplistes sur des problèmes complexes.
  • Ton corps dit : aime-toi de Lise Bourbeau : cet ouvrage propose de nombreux conseils pour mieux comprendre son corps et ses émotions, mais il a aussi été critiqué pour ses généralisations et son approche qui peut parfois manquer de rigueur scientifique.
  • Agir et penser comme un chat de Stéphane Garnier : ce livre divertissant propose des analogies intéressantes entre le comportement des chats et des conseils de vie, mais certains peuvent trouver que ces analogies sont trop superficielles pour offrir un véritable guide de développement personnel.
  • Les accords toltèques de Don Miguel Ruiz : bien que ce livre ait inspiré beaucoup de gens, il est important de noter que les « accords toltèques » sont basés sur une interprétation moderne et non vérifiée de la culture toltèque. En réalité, il n’y a pas de preuves historiques solides pour appuyer ces enseignements comme étant authentiques de cette civilisation.
  • La fabrique à kifs d’Audrey Akoun, Florence Servan-Schreiber et Isabelle Pailleau : ce livre encourage à cultiver la gratitude et la positivité, mais il a aussi été critiqué pour promouvoir une approche parfois trop simpliste du bonheur, négligeant les aspects plus profonds et complexes de la psychologie humaine.

Le développement personnel promet souvent de transformer nos vies, mais il comporte aussi des pièges et des défauts qui peuvent nuire à notre bien-être.

Quand j’ai découvert le développement personnel (DP), j’étais fascinée. Je me sentais reconnue et j’avais envie de croire en quelque chose autre que la religion. Je me suis laissée tenter par l’alternative de la “spiritualité”, qui me paraissait moins « lourde ». J’adorais l’idée de “travailler sur moi”.

Très vite, j’ai placé ma confiance dans des auteurs et autrices de bestsellers du secteur. J’ai aussi consulté des praticiens du bien-être qui savaient m’écouter et mettre des mots sur mes ressentis et mes douleurs.

Cependant, cette quête d’amélioration constante m’a fragilisée et m’a conduite à des désillusions importantes. Dans cet article, nous explorerons les principaux défauts du développement personnel et comment ils peuvent être exacerbés par les dynamiques politiques et économiques actuelles, telles que le capitalisme. Let’s go !

Petit point contexte et définitions

Le sujet du développement personnel est crucial car il touche à notre bien-être et à notre croissance. Cependant, il est également important de rester éveillé aux pièges que cela peut comporter. Voici quelques termes clés à définir :

  • Développement personnel : ensemble de pratiques visant à améliorer la connaissance de soi, à développer ses talents et potentiels, et à améliorer sa qualité de vie.
  • Capitalisme : système économique basé sur la propriété privée des moyens de production et la recherche de profit.
  • Néolibéralisme : politique économique qui favorise la dérégulation, la privatisation et la réduction de l’intervention de l’État.
  • Individualisme : doctrine qui privilégie les droits et les intérêts de l’individu par rapport à ceux du groupe ou de la société.
  • Ésotérisme : ensemble de connaissances, de pratiques et de doctrines mystiques ou spirituelles souvent réservées à un cercle restreint d’initiés. Il explore des aspects cachés ou occultes de la réalité et de la spiritualité, visant à atteindre une compréhension profonde et personnelle de l’univers et de soi-même.

Pourquoi parler de capitalisme, néolibéralisme et individualisme lorsqu’on aborde le développement personnel ? C’est ce que l’on va voir tout de suite !

Les principaux défauts du développement personnel

1. Dépendance thérapeutique

Un des principaux défauts du développement personnel est le risque de dépendance thérapeutique.

En plaçant une confiance aveugle dans les auteurs et praticiens du bien-être, on peut devenir dépendant de leurs conseils et validations.

Cela peut créer une dépendance psychologique qui nous empêche de prendre des décisions par nous-mêmes.

Cette dépendance peut également être exploitée par l’industrie du développement personnel pour vendre toujours plus de produits et services, prête à créer des problèmes qu’elle proposera ensuite de résoudre.

2. Isolement

L’accent mis sur l’amélioration personnelle peut mener à un isolement social.

En se concentrant exclusivement sur soi-même, on peut négliger les relations sociales et l’entraide communautaire.

Cet isolement peut être exacerbé par l’individualisme prôné dans le développement personnel, où la responsabilité de tout changement repose uniquement sur soi-même, minimisant l’importance des soutiens externes et des contextes sociaux.

3. Évitement politique

Le développement personnel peut aussi encourager un évitement des problèmes sociopolitiques.

En se focalisant sur des solutions individuelles aux problèmes de la vie, on détourne l’attention des injustices sociales et économiques.

L’industrie du développement personnel peut perpétuer des inégalités en suggérant que les problèmes systémiques peuvent être résolus par des changements personnels, minimisant ainsi l’importance de l’action collective et des réformes politiques.

Impact sur ma quête de croissance

Ces défauts ont eu un impact significatif sur ma propre quête de croissance.

La dépendance thérapeutique m’a fait douter de ma capacité à prendre des décisions par moi-même.

L’isolement m’a fait me renfermer sur moi-même et m’a coupée de mes proches.

L’évitement politique m’a empêchée de voir les injustices sociales et économiques autour de moi.

En fin de compte, j’ai réalisé que je devais revoir ma conception du développement personnel et m’ouvrir à une perspective plus collective et solidaire.

Les livres qui ont changé ma vision du développement personnel

« Contre le développement personnel. Authentique et toc », Thierry Jobard, éditions Rue de l’échiquier

Selon le développement personnel, chacun d’entre nous est en mesure, par ses propres moyens (mais guidé par des auteurs bien intentionnés et désintéressés), de réaliser ses potentialités. Nous posséderions, en nous-mêmes, une sorte de capital intrinsèque qui n’attend que de fructifier.

Mais nous ne le voyons pas, nous l’ignorons ou l’oublions, rendus myopes par de vaines préoccupations ou de fausses représentations de nous-mêmes. Heureusement, grâce à des méthodes « simples et concrètes », selon les mots de Bourbeau, nous pouvons accéder à ce trésor intérieur.

Il suffit d’en prendre conscience dans un premier temps et de savoir l’utiliser dans un second temps.

« Contre le développement personnel », Thierry Jobard, éditions rue de l’échiquier, collection les incisives

Résumé : Thierry Jobard critique le développement personnel en tant que démarche fondamentalement individualiste. Il montre comment cette quête personnelle est en réalité une adaptation à des impératifs économiques et sociaux, où l’individu doit sans cesse se conformer et « mieux s’adapter » aux attentes sociétales.

Il y a plein de choses qui m’ont frappée dans ce livre. Ce qui m’a fait rire c’est que parmi les exemples d’ouvrages décriés dans l’essai, il y a effectivement des livres que j’ai moi-même achetés : les 5 blessures de l’âme, écoute ton corps, les accords toltèques, agir et penser comme un chat…

Les auteurs de DP [DP pour Développement Personnel tout au long du livre] m’impressionnent toujours par leur prolixité. Quelle logorrhée ! D’autant que dès que l’un d’entre eux arrive à vendre une de ses publications, aussitôt il fait paraître une suite. Puis une autre. Puis encore une autre.

Prenons l’exemple d’Agir et penser comme un chat de Stéphane Garnier. Le titre est explicite et à prendre au premier degré, de même que le contenu, comme le précise son auteur : « À l’évidence le chat vit beaucoup mieux que nous ! Pourquoi ne pas prendre exemple sur lui ? Ce que j’entrepris en décryptant son fonctionnement, ses aspirations, son mode de vie. Tout était là, devant moi, sans que je m’en sois rendu vraiment compte depuis toutes ces années. » Il nous est donc recommandé de nous inspirer de la vie intense d’un chat d’appartement. […]

Le bandeau promotionnel du livre signale que 200 000 exemplaires ont été vendus (plus encore depuis) et qu’il a été traduit en 29 langues. Ce qui augure mal de l’avenir de l’humanité. Quatre milliards d’années d’évolution de la vie sur Terre pour en arriver là. Étant donné que la profession de poète maudit ne fait plus recette, j’incite donc tous les jeunes talents à se lancer dans l’entreprise d’auteur en DP. Parce qu’une fois le premier titre vendu, vous pouvez dérouler le plan marketing : Agir et penser comme un chat, édition limitée et illustrée, Agir et penser comme un chat, cahier d’exercices, Agir et penser comme un chat, saison 2 (sic). Étape suivante : la collection – il faut battre le fer tant qu’il est chaud. Avec Agir et penser comme Dark Vador ou bien Agir et penser comme un chevalier du Zodiaque. Nous sommes bien d’accord que Dark Vador n’existe pas, ni aucun des chevaliers du Zodiaque, et que les auteurs vont donc subodorer la façon de penser d’êtres inexistants hors de leur support d’origine. Comment ne pas s’émerveiller ? Nous choisissons certes là un exemple particulièrement saugrenu.

Mais se réclamer de la sagesse de peuples disparus comme le font Les Quatre Accords toltèques de Don Miguel Ruiz alors que le contenu du livre n’est pas plus toltèque que ma grand-mère relève carrément de l’imposture. Le titre original en anglais est d’ailleurs The Four Agreements (« Les quatre accords »). Là, on comptabilise 2 millions de lecteurs.

Et difficile de garder son sérieux quand Bourbeau annonce dès la préface de ses 5 Blessures qui empêchent d’être soi-même : « Je rappelle que, lorsque je parle de DIEU, je fais référence à ton MOI SUPÉRIEUR, ton être véritable, ce MOI qui connaît tes vrais besoins pour vivre dans l’amour, le bonheur, l’harmonie, la paix, la santé, l’abondance et la joie. » (« Ce livre a changé la vie de 1 million de lecteurs », nous informe l’éditeur. S’ils s’ajoutent aux 2 millions de lecteurs de Don Miguel Ruiz, il faut commencer à s’inquiéter.)

« Contre le développement personnel », Thierry Jobard, éditions rue de l’échiquier, collection les incisives

Les concepts clés du livre :

  • Implications sociales du développement personnel : Bien que présenté comme une démarche individuelle, le développement personnel a des implications sociales profondes.
  • Impératif d’adaptation : Le développement personnel impose une nécessité constante de se conformer aux changements sociaux et économiques.
  • Nouvelle gestion des émotions : La méthode de gestion des émotions et de l’intériorité, par l’autocontrôle et l’autosurveillance, favorise une forme de liberté illusoire.
  • Forme de vie malléable : L’objectif du développement personnel n’est pas de se reconnecter avec son « Moi profond », mais de rendre l’individu plus adaptable aux exigences extérieures.

C’était drôle, piquant et vif, et comme je suis contente d’avoir cet éclairage aujourd’hui ! C’est vraiment une lecture que je recommande.

« Happycratie », Eva Illouz et Edgar Cabanas, éditions Premier Parallèle

Après avoir lu “Contre le développement personnel”, j’ai eu envie d’enrichir ma vision sur le secteur du bien-être et de son développement commercial. Je m’attendais à un point de vue très critique à l’égard des “marchands de bonheur” et de la quête du bonheur en elle-même. C’était le cas.

Résumé : « Happycratie » explore comment la quête du bonheur a été intégrée dans une logique consumériste. Les auteurs montrent que cette obsession du bonheur, promue par la psychologie positive, profite principalement à ceux qui en font un business. Le livre critique la manière dont le bonheur est utilisé comme un outil de contrôle social et de conformité.

Les auteurs démontrent en long et en large les faiblesses de la psychologie positive qui s’avère être une pseudo science dénuée de fondements concrets. Elle y parle aussi notamment d’ésotérisme et de loi d’attraction.

Une des critiques du livre est que le pouvoir de la psychologie positive s’est étendu jusqu’en politique. Par exemple, après avoir annoncé de grandes coupes budgétaires, le Premier ministre britannique David Cameron a proposé de mesurer le bonheur national, détournant ainsi l’attention des indicateurs socio-économiques problématiques comme la redistribution des revenus, les inégalités matérielles, et le taux de chômage. Quel timing ! De même, des pays comme les Émirats Arabes Unis et l’Inde, malgré des problèmes tels que la pauvreté et le mépris des droits de l’homme, utilisent la mesure du bonheur pour évaluer leurs politiques publiques.

Cette approche est soutenue par des figures comme Seligman (le papa de la psychologie positive, dont le livre explique le parcours extraordinaire), qui encourage les politiques à considérer le bonheur comme un critère objectif. Cependant, cela masque les inégalités sociales en promouvant des valeurs individualistes, occultant ainsi la lutte des classes. Des études suggèrent un lien positif entre l’inégalité des revenus et le bonheur et cela arrange les dirigeants politiques libéraux, car elles contredisent celles qui préconisent une redistribution minimale pour assurer dignité et qualité de vie à tous.

La mesure du bonheur simplifie la prise de décisions politiques parce qu’elle utilise des questionnaires limités, évitant ainsi de consulter véritablement les citoyens sur les politiques en place. Cette méthode, préférée à des sondages d’opinion plus complets, est anti-démocratique et reflète une approche néolibérale utilitariste et technocratique qui homogénéise les jugements et les croyances sous le couvert de l’évaluation du bonheur.

En fin de compte, le bonheur, tel que mesuré et présenté par la psychologie positive, aligne ses postulats sur les exigences éthiques et idéologiques du néolibéralisme, tout en refusant de reconnaître ses mobiles politiques et culturels.

Bref, c’est loin d’être le seul aspect passionnant de ce livre, que j’ai mis des heuuuuures à lire mais honnêtement ça vaut le temps passé à me concentrer.

Voici la structure du livre et de ses chapitres : rapport bonheur/politique, rapport bonheur/idéologie néolibérale, organisation du travail, les marchandises émotionnelles (les produits et services du bonheur), le danger du discours scientifique et de l’accessoirisation de la souffrance.

Pour résumer résumer (je sais j’écris des gros pavés là mais je vois pas comment faire plus court ^^) : le concept du bonheur a été accaparé à l’orée du XXe siècle par des pseudo scientifiques nord-américains qui l’ont transformé en une méthode monétisable légitimée par un caractère scientifique associé à la psychologie mais qui manque de fondements et de logique. L’essor de la psychologie positive a transformé le marché du bonheur et inondé notre imaginaire collectif et culturel, faisant de la poursuite du bonheur un impératif individuel et pourtant un but universel. Elle rend chaque individu responsable de son bonheur ou de son malheur, omettant les circonstances sociétales. Elle crée des problèmes et des angoisses qu’elle prétend pouvoir résoudre, mais trouve toujours de nouvelles façons de questionner les individus et leur niveau d’accomplissement personnel. Le livre est une remise en question de la vision réductionniste du bonheur portée par la psychologie positive et ses institutions et de ce qu’est une bonne vie.

Les concepts clés du livre :

  • La montre comme cadeau pervers (Cortazar) : Cette métaphore illustre comment les objets, en l’occurrence la quête du bonheur, peuvent nous posséder plutôt que l’inverse.
  • Obsession du bonheur : Le bonheur est devenu une obsession dictée par une industrie lucrative plutôt qu’un trésor découvert par des scientifiques désintéressés.
  • Industrie du bonheur : Poursuivre le bonheur contribue à la consolidation d’un marché juteux, transformant le bonheur en une commodité.
  • Outil de conformité sociale : Le bonheur, tel qu’il est présenté aujourd’hui, sert à construire des citoyens obéissants et conformes aux idéaux néolibéraux.
  • Critique de la politique du bonheur : L’espoir nécessaire pour une vie meilleure doit reposer sur l’analyse critique, la justice sociale, et une politique participative, non paternaliste.

Conclusion du livre :

Prendre conscience que nous nous sommes adaptés à la logique consumériste du bonheur dictée par les apôtres de la psychologie positive pourrait causer une douloureuse déception chez certains, au regard des attentes que les chantres du bonheur ont fait naître. Mais ne pas en prendre conscience, ne pas envisager ces questions sous un angle critique, c’est laisser la voie libre à la grande machinerie du bonheur (ce à quoi les auteurs se refusent catégoriquement).

« Le syndrome du bien-être », Carl Cederström et André Spicer, éditions L’échappée

J’ai déjà mentionné cet ouvrage dans l’article Comment distancer l’obsession du bien-être ?. Il a sa place ici aussi, comme quoi je trouve que c’est une très bonne référence.

Résumé : Ce livre examine la tyrannie moderne du bien-être et comment la quête incessante de la joie et du bien-être peut engendrer des dérives narcissiques. Les auteurs argumentent que cette quête perpétuelle nous enferme dans un cycle de culpabilité et d’angoisse.

L’approche des auteurs est intéressante car elle éclaire le lecteur sans trop insister sur leur propre point de vue, bien que l’on comprenne aisément qu’il s’agit avant tout d’une critique.

Le texte est divisé en 5 chapitres, avec des sous-divisions qui facilitent l’assimilation des concepts. L’information suit une logique de réflexion qui a été redessinée après les recherches documentaires, je pense, car les notes de lecture ne sont pas dans l’ordre du livre.

Les sources sont citées en intégrant de façon habile les écrits d’autres auteurs.

Je n’ai pas trouvé méga pertinent le passage sur les barebackers même si j’en comprends l’analyse.

À part ça j’ai adoré le raisonnement porté tout au long du livre et la richesse des angles qui permettent de mieux voir l’impact de la quête du bien-être sur notre société.

Les concepts clés du livre :

  • Fugacité de la joie : La joie est une émotion intense et éphémère, contrairement aux petits plaisirs du quotidien.
  • Travail continu sur soi : L’obligation de travailler en permanence sur soi-même entraîne des dérives narcissiques et un repli sur soi.
  • Tyrannie du bien-être : Le bien-être devient une norme sociale oppressive qui nous rend responsables de tous nos choix et échecs.
  • État néo-hygiéniste : L’État utilise la régulation des comportements sociaux pour promouvoir une version moralisatrice du bien-être.
  • Acceptation des faiblesses : Reconnaître nos limites et notre finitude est essentiel pour éviter l’angoisse et la culpabilité.
  • Biomorale : Le bien-être est devenu une obligation morale, une injonction à être heureux et en bonne santé, ce qui peut saboter le véritable plaisir.

Le livre se conclut sur l’idée que chercher le plaisir à tout prix nous rend finalement plus seuls et repliés sur nous-mêmes. Plutôt que de s’apitoyer sur notre sort, nous devrions nous ouvrir aux autres et penser davantage à autrui.

Des lectures enrichissantes mais perturbantes

Ces lectures ont profondément changé ma perspective sur le développement personnel.

Elles ont révélé les dangers d’une quête de bonheur dictée par une logique consumériste, le risque de dépendance thérapeutique, et comment l’accent mis sur l’individu peut masquer des problèmes sociopolitiques réels.

J’ai réalisé qu’il est essentiel de rester critique face à ces pratiques et de chercher des solutions collectives et solidaires pour un bien-être authentique.

Ma conclusion

Le développement personnel est un domaine très vaste avec pléthore d’outils plus ou moins sûrs. Ce que je veux dire pour conclure et rester ouverte c’est que tout n’est pas à jeter.

Il y a bien des outils et des prises de conscience qui m’ont aidée à améliorer mes relations ou à guérir de certaines blessures.

Mon objectif est d’apprendre à faire la part des choses entre ce qui semble être du bullshit et ce qui peut vraiment contribuer à un avenir meilleur pour la société.

Certains outils ou pratiques comme les thérapies brèves pour surmonter des traumatismes spécifiques, les exercices somatiques, l’écriture introspective ou la communication non violente m’ont apporté des bénéfices concrets, tandis que d’autres pratiques sans validation scientifique m’ont finalement semblé douteuses.

Pour utiliser le développement personnel de manière constructive, il est crucial de rester critique et informé, et de combiner le travail sur soi avec des actions collectives et solidaires. Cela permet d’éviter les dérives narcissiques et de ne pas perdre de vue les enjeux sociétaux.

Les dynamiques politiques et économiques influencent fortement la manière dont le développement personnel est perçu et pratiqué, souvent en le transformant en produit de consommation.

Il est essentiel de se rappeler que nous ne sommes pas isolés dans notre quête de bien-être, et que le véritable épanouissement passe aussi par la justice sociale et l’engagement citoyen, tout simplement pour vivre heureux avec ses proches et sereinement avec ses autres cercles sociaux. Il est urgent de favoriser des échanges qui encouragent l’empathie, la coopération, plutôt que ceux qui isolent ou culpabilisent.

Ce sont des choses auxquelles je réfléchis moi-même, ne serait-ce qu’en rejoignant un club de roller par exemple. Il est vrai que lorsque l’on devient un adulte actif, notre vie sociale en est impactée et ce n’est pas si évident de créer du lien et de garder un pied dans la société, d’avoir envie d’y contribuer quand on est dépité par les conjonctures économiques et politiques… Le repli sur soi est tentant et j’avoue y avoir cédé (surtout depuis les confinements de la crise COVID-19), ce que je regrette aujourd’hui.

Pour ceux qui débutent dans le développement personnel, je recommande de rester sceptiques face aux promesses trop belles pour être vraies, de privilégier les méthodes éprouvées et validées, et de ne pas hésiter à partager leur parcours avec des personnes de confiance. Des lectures critiques et bien documentées, comme celles que j’ai mentionnées, peuvent offrir des perspectives équilibrées et aider à éviter les pièges courants.

Ceci demeure une invitation, bien sûr 😉

En conclusion, en apprenant à distinguer ce qui est véritablement bénéfique de ce qui relève du mythe, nous pouvons utiliser le développement personnel comme un outil pour un avenir meilleur, à la fois pour nous-mêmes et pour la société dans son ensemble.

Car ça reste porteur d’espoir et ce serait dommage de s’en priver. En fin de compte, le développement personnel peut être un outil puissant s’il est utilisé avec discernement et en combinaison avec une perspective collective.

Pour en savoir plus :

Quelques interviews des auteurs :

https://usbeketrica.com/fr/article/happycratie-faut-il-en-finir-avec-le-developpement-personnel

https://usbeketrica.com/fr/article/une-societe-de-super-minces-et-de-super-gros

https://elucid.media/societe/developpement-personnel-neoliberalisme-management-masque-rapports-domination-thierry-jobard

https://usbeketrica.com/fr/article/eva-illouz-le-developpement-personnel-c-est-l-ideologie-revee-du-neoliberalisme?fbclid=IwAR3PJ0WmV0_3UggsXHFnJFApls0Np-i44Ea5eh8qVDFKufp_zAN8BmmXMHA

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