Si on me demandait de raconter mon burnout, je ne saurais pas par où commencer pour faire comprendre au mieux cette histoire, de mon point de vue en tout cas.
Comment faut-il s’y prendre pour raconter de façon digeste quelque chose qu’on n’a pas encore totalement digéré soi-même ?
Je pourrais ne pas écrire à ce sujet maintenant, certes. Mais l’exercice de l’écriture m’amène à découvrir des choses au fur et à mesure, et à prendre de la distance de certains éléments.
Je ne sais pas si j’ai commencé par un burnout qui a glissé vers la dépression ou si j’avais une dépression qui s’est transformée en burnout. Le burnout peut conduire à une dépression, et inversement. Il faut dire que la crise sanitaire, les confinements à répétition, et une surdose de télétravail m’ont beaucoup fragilisée. J’avais donc un terrain psychologique propice au burnout comme à la dépression.
Les liens entre une dépression et un burnout
“Les personnes qui ont vécu un burn-out sont majoritairement très volontaires, ce sont des fortes personnalités motivées qui ne se laissent pas abattre. Les symptômes de la dépression et du burn-out peuvent se ressembler sensiblement. Si on ne fait pas une bonne anamnèse, il peut être difficile de les distinguer. Mais au cours de l’accompagnement, on va observer que les personnes en burn-out peuvent relativement aisément mobiliser leurs ressources, alors que les individus en dépression ont davantage de peine.”
Extrait du livre Ils ont vécu le burn-out: Témoignages et conseils pour se reconnecter à soi, d’Agathe Mayer et Virginie Bapt
Il y avait des caractéristiques communes quant aux symptômes que j’ai ressentis : tristesse, perte d’intérêt douloureuse, troubles de l’appétit et du sommeil (insomnies).
En termes de différences, la dépression n’implique pas forcément le corps, la souffrance vécue peut ne concerner que des enjeux psychiques. Alors que le burnout, étant un processus d’épuisement professionnel, va donner lieu à des manifestations physiques.
La dépression est une maladie mentale, a contrario du burnout, qui est un syndrome d’épuisement.
Le burnout trouve sa source dans la sphère professionnelle, ou en tout cas dans une sphère spécifique. Tandis que la dépression n’aura pas de cause identifiable puisqu’il s’agit d’un état général.
Le burnout est un processus d’épuisement physique et psychique dû au stress chronique. Vivre du stress de temps à autre est supportable, mais vivre du stress de façon chronique est néfaste. Quand le stress dure plus de 6 mois, sans phases de récupération suffisante, il provoque une accumulation de tensions, d’émotions négatives. La résistance que l’on peut avoir dans les premiers mois, grâce à des modifications du métabolisme, s’effondre, nous laisse sans force et fait place aux symptômes physiques mentionnés précédemment.
Les effets du stress chronique sur la santé et le travail :
- irritabilité grandissante,
- résistance à la pression mais apparition de difficultés à se détendre ou à se concentrer,
- dépréciation progressive de la qualité du travail effectué,
- manque d’implication,
- anxiété…
“Même si les symptômes peuvent être similaires (fatigue, trouble du sommeil et de la mémoire, perte de motivation, irritabilité…), le burnout, lui, provoque des syndromes post-traumatiques qui n’existent pas dans la dépression. Cauchemard, flash, angoisses provoquées par la simple évocation de l’entreprise, le patient vit dans une emprise traumatique de son métier.”
Extrait du livre Ils ont vécu le burn-out: Témoignages et conseils pour se reconnecter à soi, d’Agathe Mayer et Virginie Bapt
Le diagnostic, le traitement, l’évolution
Puisque j’ai cru à une dépression, ce qui était appuyé par mon médecin traitant, j’ai commencé à prendre des antidépresseurs et j’ai choisi de demander un mi-temps thérapeutique. Cela me permettait de me reposer de ma grande fatigue, et de garder du lien avec mes collègues de travail que j’appréciais.
Et puis vint un moment où j’ai réalisé que j’étais trop agacée par le travail, que quelque chose me taraudait et que je m’étais longtemps efforcée de m’adapter mais que ça ne suffisait plus. J’ai découvert la liste des symptômes du burnout et m’y suis reconnue :
- je n’arrivais plus à me lever le matin pour aller travailler,
- parfois j’étais plantée et paralysée devant l’ordinateur parce que je ne savais plus quoi faire,
- je n’avais plus de volonté dans mes missions,
- je me sentais à la fois vide mais pleine de colère,
- je ne voulais plus voir de gens, ni famille, ni amis, je me suis repliée dans une bulle,
- je portais un regard cynique sur ma situation et l’entreprise.
“Les personnes qui viennent nous voir, car elles n’en peuvent plus, s’en veulent en général beaucoup, comme si c’était elles qui avaient failli, d’être tombées au combat. Elles ne comprennent pas immédiatement que l’effondrement professionnel est avant tout la conséquence d’une désorganisation ou d’un manquement de l’entreprise.”
Extrait du livre Ils ont vécu le burn-out: Témoignages et conseils pour se reconnecter à soi, d’Agathe Mayer et Virginie Bapt
Une discorde a fini de me convaincre que je ne pouvais plus supporter le fonctionnement de la structure qui m’employait. Mais j’avais extrêmement peur de partir, ça a été une décision très difficile à prendre et à annoncer. Mais il le fallait.
J’ai eu un arrêt de travail à temps plein et puis j’ai attendu d’être sûre de moi pour demander une rupture conventionnelle.
Comment se reconstruire ?
Long est le processus d’épuisement professionnel, long est le processus de reconstruction.
La thérapie est souvent nécessaire en plus de marquer un temps de pause. Le but est de comprendre ce qui, dans la relation entre une organisation particulière (l’entreprise) et un individu singulier (le salarié) a pu causer de la souffrance au travail, du stress chronique et enfin un épuisement professionnel.
Retourner dans l’entreprise, mais avec un poste différent, est souvent une réalité.
Dans mon cas j’ai choisi de voguer dans des eaux inconnues et d’expérimenter l’entrepreneuriat.
La reconstruction de mon identité professionnelle suit son cours encore aujourd’hui, c’est pourquoi je manque de recul pour en parler en détail.
Recommandations de lecture
Il présente une série de témoignages poignants de personnes qui ont traversé l’épreuve du burn-out, ainsi que des conseils pratiques pour aider ceux qui sont confrontés à cette situation à se rétablir et à se reconnecter à eux-mêmes.
« Ils ont vécu le burn-out » est un livre qui offre une perspective humaine sur le burn-out, en mettant en lumière la réalité de ceux qui l’ont traversé. Il vise à sensibiliser les lecteurs à cette question cruciale de santé mentale tout en fournissant des outils pratiques pour éviter et surmonter le burn-out.
En résumé, « Se Reconstruire après un Burnout » est un guide complet qui offre des conseils pratiques, des témoignages et des stratégies pour surmonter un burnout. Il insiste sur l’importance de la prévention, de la récupération et de l’autosoin pour se remettre de cette condition mentale éprouvante et retrouver une vie équilibrée et épanouissante.