Humeur 03.08.23

Quand j’ai eu l’idée de créer ce blog, j’avais l’espoir de me soigner vite afin d’être plus confiante dans mes écrits et d’apporter une vision cohérente, disons stable. J’avais envie de transmettre comment se sentir bien dans sa peau et dans sa tête, à partir de mes connaissances et de mes expériences. Il s’avère que, malgré mes efforts (thérapie, repos, activité physique, lien social, diminution de la consommation d’alcool, meilleure alimentation), je ne me sens pas assez bien pour me croire légitime à partager des conseils bien-être. Deux ans après le diagnostic et le début du traitement de ma dépression, je continue de croire que je ne sers pas à grand chose et je suis pessimiste sur de nombreux sujets. C’est terrible pour moi de dire ça après ce que j’ai pourtant accompli (mes études, mes réussites, mes relations etc.), mais c’est bien quelque chose que je ressens et qui me mine le moral.

La perspective d’avoir une mission en accord avec mes valeurs et ma personnalité, un but à atteindre, de réussir quelque chose de bien, m’a tellement fait rêver que je me suis creusé la tête continuellement pendant des mois. J’ai pris la question dans tous les sens à partir du concept de l’ikigai : de quoi le monde a-t-il besoin ? qui suis-je pour répondre à ce besoin ? en quoi suis-je vraiment douée ? qu’est-ce que j’aime faire ? puis-je être payée pour faire ce que j’aime ? est-ce que j’aime faire ce pour quoi je suis douée ? le monde a-t-il besoin de ce qui me rend heureuse ? serai-je un jour assez douée dans ce que j’aimerais faire ? Etc.

Toutes ces réflexions complexes m’ont surtout apporté de la frustration. Je ne savais plus ce que je voulais faire, ni ce que j’aimais faire, ni si j’étais capable de le faire assez bien pour que ça ait un impact significatif. Ma boussole interne était cassée. J’ai fini par me dire : “à quoi ça me sert d’avoir fait autant de développement personnel si c’est pour être dans cet état” ? C’est comme si j’avais sur-développé mes compétences d’auto-analyse et que je ne savais plus comment juste exister. J’ai commencé à avoir peur de ne jamais réussir à me satisfaire de la vie parce que je pensais trop. J’ai fait de plus en plus de crises d’angoisse. Je ne voyais pas de solutions à ces tourments dans ma tête. Ces pensées et ces peurs m’amènent encore parfois à souhaiter ne plus exister justement…

Je devais donc commencer par guérir des symptômes de la dépression. On m’a dit “fais des trucs qui te plaisent”. J’étais paralysée. Oser faire ce qui me plait, mais ça n’va pas, non ? Et si ça ne servait à rien ? J’étais obsédée par l’idée de créer des choses qui aient du sens ou un intérêt pour les autres. Je me suis comme interdit de faire des choses juste pour le kiff si je n’avais pas les moyens ou l’envie de les montrer, de les documenter et de les diffuser sur les réseaux sociaux, je croyais devoir inspirer les gens, leur transmettre un message à tout prix.

En 2 ans, j’ai connu des améliorations nettes, ainsi que des rechutes. C’est-à-dire que les symptômes diminuaient fortement, mais que je connaissais de nouveaux épisodes dépressifs malgré mes améliorations. Je crains de vivre un nouvel épisode dépressif en ce moment. Cela peut d’ailleurs se conclure par un diagnostic de dépression chronique. J’suis tellement contente, putain !

Mais attention, un auto-diagnostic n’est pas suffisant, je dis ça pour moi comme pour tout le monde. J’ai un rendez-vous prévu prochainement pour faire le point sur mon traitement, et je parlerai à mon médecin des symptômes persistants.

Voici un article complémentaire pour en savoir plus à ce sujet : Dépression – symptômes.