HPI, une appellation mal-aimée

Épisode 4/30 de ma série d’Expressions Bienveillantes

La première fois que j’ai entendu quelqu’un me dire que j’étais probablement « zèbre« , évidemment je ne l’ai pas compris dans le sens que lui a donné la psychologue française Jeanne Siaud-Facchin dans son livre devenu célèbre Trop intelligent pour être heureux, l’adulte surdoué.

C’est la première source littéraire que j’ai lue sur le sujet. C’était un tournant de mon existence où j’ai compris que j’avais des raisons de me sentir différente, que c’était possible que je ne sois pas la seule dans ce cas et que ça expliquait pourquoi j’attirais un certain type de personnes dans mon cercle amical.

Surdouée, moi ? C’est d’abord une sorte de rejet que j’ai exprimé quand ce diagnostic est tombé. Je dis diagnostic car il s’agissait d’une hypnothérapeute qui s’était spécialisée dans le suivi des personnes hypersensibles et atypiques, elle avait donc une certaine connaissance des caractéristiques de cette tranche de la population.

Cette idée de supériorité me déplait car elle donne un air prétentieux, alors j’ai aussi du mal à utiliser le terme Haut Potentiel Intellectuel, ou HPI, parfois juste HP (comme Harry Potter ou Hôpital Psychiatrique), pour ne pas s’enfermer dans la définition d’un individu par son QI.

Je me souviens que quand j’étais petite je me demandais si j’étais intelligente, j’étais la seule dans ma famille hyper motivée à regarder un test QI télévisuel présenté par Mac Lesggy, ça m’obsédait littéralement. J’avais certes des facilités d’apprentissage dans certaines matières, je ne me sentais pas pour autant brillante ou plus intelligente que la moyenne. J’ai fini par faire un test QI à 27 ans pour m’aider à y voir plus clair (le test du WAIS®-IV pour être précise). Cela m’a confortée dans certains choix de loisirs et de métiers.

Cependant, le QI n’est pas l’unique composante d’un profil à Haut Potentiel. Le Quotient Emotionnel en est indissociable, notamment.

Je sais pas trop si j’aime bien dire zèbre parce que je trouve que c’est un mot pas très discret, pour autant je comprends l’origine de cette appellation, qui est qu’une personne Haut Potentiel partage certaines caractéristiques avec cet animal exotique : de la même façon que, parmi un troupeau où les spécimen se ressemblent, chaque zèbre possède une robe unique, des rayures qui lui sont propres, un adulte surdoué possèdera un ensemble unique de caractéristiques, présentes à des degrés différents, qui aident à détecter et à déterminer la douance.

Ainsi, l’analogie entre les personnes surdouées et les zèbres repose sur l’idée que, comme les zèbres, les surdoués sont différents des autres, et leur singularité est souvent perceptible malgré leurs efforts pour s’intégrer dans la société. Jeanne Siaud-Facchin a utilisé cette métaphore pour sensibiliser le grand public à la douance et pour aider les personnes surdouées à mieux comprendre leur propre fonctionnement.

Cette appellation a l’avantage d’être imagée et permet de rendre plus accessible la notion de douance, si plébiscitée qu’elle est entrée dans le dictionnaire en 2020.

Ce n’est pas le seul terme qui désigne les surdoués, il y a aussi neuroatypique et surefficient mental. Le premier met en avant la distinction entre un cerveau dominant gauche ou droit (c’est le cerveau droit qui domine chez les neuroatypiques), le second image assez bien l’activité du cerveau. C’est un terme que l’on retrouve plutôt dans l’œuvre de Christel Petitcollin, Je pense trop, dont je parlais dans l’article d’hier. Ah oui il y a neurodivergent également.

Aujourd’hui je crois que la tendance est plutôt portée sur multipotentiel. En tout cas c’est ce que je remarque dans mon secteur (communication, graphisme, illustration).

Et bien toutes ces appellations sont quasiment des synonymes et désigneront les mêmes caractéristiques :

  • Un fonctionnement cérébral différent : Jeanne Siaud-Facchin affirme que les adultes surdoués ont des cerveaux qui fonctionnent de manière unique. Ils ont tendance à penser de manière rapide et en profondeur, à faire des connexions rapides entre les idées, et à percevoir le monde avec une grande sensibilité.
  • La sensibilité : les adultes surdoués sont souvent décrits comme étant hypersensibles. Ils ressentent les émotions et les stimuli sensoriels de manière plus intense que la moyenne des personnes.
  • La pensée en arborescence : les personnes douées ont une pensée en arborescence, ce qui signifie qu’elles sont capables de suivre plusieurs idées ou concepts à la fois, ce qui peut parfois sembler chaotique pour les autres.
  • La créativité et la curiosité : les adultes surdoués sont généralement très créatifs et curieux. Ils ont un énorme désir de comprendre le monde qui les entoure et sont souvent passionnés par l’apprentissage.
  • Le décalage avec la norme : l’auteure souligne que les adultes surdoués peuvent souvent se sentir en décalage par rapport à la norme. Leurs différences peuvent parfois les faire se sentir incompris ou isolés.

En résumé, Jeanne Siaud-Facchin définit la douance comme une manière différente de fonctionner au niveau cérébral, caractérisée par la sensibilité, la pensée en arborescence, la créativité et la curiosité. Elle insiste sur le fait que la douance est une singularité neurologique qui peut être à la fois une force et un défi pour les individus qui la possèdent.

C’est un livre référence dans le domaine, que je recommande car il est riche d’enseignements, dont voici les thèmes clés :

  • La reconnaissance des adultes surdoués : l’auteure commence par expliquer ce qu’est un adulte surdoué, en identifiant les caractéristiques communes de ces individus, telles que la grande sensibilité, la pensée en arborescence et la créativité.
  • Les défis et les difficultés : la psychologue explore les défis auxquels sont confrontés les adultes surdoués dans différents aspects de leur vie, y compris le travail, les relations interpersonnelles et la santé mentale. Elle aborde également la notion de « décalage » par rapport à la norme.
  • Les forces et les talents : l’auteure met en avant les atouts et les talents des adultes surdoués, notamment leur capacité à résoudre des problèmes complexes, leur curiosité insatiable et leur créativité.
  • Conseils pratiques : le livre offre des conseils pratiques pour les adultes surdoués, les aidant à mieux comprendre leur propre fonctionnement et à naviguer dans leur vie quotidienne de manière plus épanouissante.
  • Reconnaissance et soutien : Jeanne Siaud-Facchin encourage la reconnaissance des adultes surdoués par les professionnels de la santé mentale et de l’éducation, ainsi que par la société en général. Elle met en lumière l’importance du soutien pour ces individus.